HARMONIUM -Mon pays, est-ce l’Heptade ? Reportage en 11 capsules

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Par Jacques Landry

Mon pays, est-ce l’Heptade?

Paru le 15 décembre 2016

Cet article se veut un reportage exhaustif sur le projet l’Heptade XL d’Harmonium et sur ma rencontre avec Louis Valois et Serge Fiori le 15 novembre 2016.

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Depuis quarante ans, nous avons probablement tous vécu la même expérience avec l’Heptade. À l’insertion du CD dans le lecteur de l’auto, on était enclin à devoir monter le volume. Comme si le son d’ensemble se cachait derrière un mince voile sourd. Comme si on n’entendait que la pointe de l’iceberg, si vous me passez l’expression. C’est plate à dire : fallait mettre le volume dans le tapis pour apprécier l’Heptade à sa juste valeur.

Louis Valois ou Serge Fiori ou tout autre musicien d’Harmonium ont-ils vécu cette expérience? Avant même de retrouver les bandes maîtresses de l’Heptade, l’envie leur était-elle venue de normaliser le volume d’ensemble? De nous faire montrer la partie cachée de l’iceberg?

« Oui! », me confirment-t-ils d’emblée quand je leur ai posé la question au Métropolis.

Louis Valois explique d’ailleurs, dans le livret, qu’il avait lui-même déjà posé la question à Serge Fiori. Il avait demandé dernièrement à Serge s’il avait été déçu de sa première écoute du mix final de l’album (vu qu’il n’y avait pas participé en 1976). Il m’a répondu que non, dit Valois, qu’il avait été très heureux d’entendre et de retrouver collées bout à bout toutes les émotions des mois qu’on avait vécues avec tant d’intensité. C’est après une longue tournée de l’Heptade qu’on réalisera qu’au mix, on avait peut-être oublié de mettre Harmonium en avant-plan ».

Bref, avant même de retrouver les bandes originales, ils jugeaient que l’Heptade y gagnerait à être remixé. Surtout les voix. La voix devient un instrument. La voix retrouve sa place. Fiori et Valois ne disent pas que les pistes y gagneraient à être « réenregistrées ». Car, même encore aujourd’hui, ils jugent que l’enregistrement des pistes individuelles, prises par l’ingénieur de son Michel Lachance, dans le studio mobile de Saturday Night Live à Saint-Césaire en 1976, étaient PARFAITES.

Maintenant que j’ai entendu la version remixée, je peux même vous préciser : « PURES et PARFAITES ».

Ce soir-là, devant le public du Métropolis en réponse à Paul Arcand, Fiori résumera cette aventure inouïe : « C’est fabuleux avec la technologie, quarante ans plus tard, de renaître ça, de remettre ça au monde, moderne. C’est pour ça qu’on le fait, qu’on le ressort, qu’on le remix, qu’on montre ces bêtes-là, ce groupe-là qui est complètement hallucinant. Ce groupe-là n’a pas de bon sens dans son écoute. Comment tu réussis à jouer ça!? On le redécouvre. C’est surréaliste. ».

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COMME UN FOU

C’est pour l’amour qu’on devient fou.

Ça doit être plein d’amour parce que c’est plein de fous tout partout.

         – Serge Fiori, intro de Comme Un Sage

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Le 15 novembre dernier, vers 15 h 57, avec ma conjointe, je progresse guilleret sur la rue Ste-Catherine en direction du Métropolis. Nous avons l‘insigne honneur d’être parmi les invités de Sony Music au lancement de l’album remixé de l’Heptade. Mais les portes n’ouvrent qu’à 17 h. Nous avons soif. Une eau minérale, ma chérie! Cherchons un restaurant!

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Je suis fébrile et excité – presque un peu débile – à l’idée d’assister à cette cérémonie où je pourrai renouer avec de vieilles connaissances du milieu artistique québécois et autres amis musiciens; fébrile aussi à l’idée de rencontrer en chair et en os Louis Valois et Serge Fiori. Je venais tout juste de les voir à l’émission Tout le monde en parle fort sympathiques et plein d’humour. On avait le goût de veiller avec eux toute la soirée. Comme de vieux cousins avec lesquels on s’est toujours bien entendu, mais qu’on n’avait pas vus depuis longtemps. Sympathiques et plein d’humour à parler de la musique d’Harmonium comme si c’était quasiment nous qui l’avions faite. Nous nous sentions tous interpelés dans notre salon. De grands musiciens arrivés à pleine maturité de l’âge et du talent.

Fébrilité d’autant plus significative que, ce jour-là, il m’est arrivé le drôle de hasard de souper avec la copie et de fumer une cigarette avec l’original.

SOMMEIL SANS RÊVES

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En effet, par hasard, en attente du Métropolis, nous rencontrons trois potes que nous n’avions pas vus depuis des lunes. Qui plus est, les trois font partie de la formation Premier Ciel. Groupe hommage à Harmonium. Quel adon!

Eux aussi se rendaient au Métropolis pour assister au lancement. Ma conjointe et moi les connaissons tous individuellement. Mais, chacun d’eux ne sait pas que l’autre nous connaît. Entèka!

Je vous les présente : Richard Lanthier, bassiste et administrateur du groupe, ami de longue date (nous étions membres du groupe progressif Vertglace, justement à l’époque de l’Heptade); Michel Dubeau, saxophoniste, clarinettiste et grand sorcier des flûtes du monde (Libert Subirana ne pouvait avoir plus digne successeur), ancien confrère de classe au Cégep de Joliette; et, enfin, Bob St-Laurent, batteur et chanteur, qui a aidé mon fils en études musicales à passer son examen final « Prestation-devant-public » au même cégep. Parenthèse.

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Pour les gens de ma génération, déconnecté du cégep depuis longtemps, je vous informe qu’aujourd’hui, les examens finaux en musique sont pas mal moins drabes que dans notre temps. L’un des examens de fin de D.E.C. consiste en une prestation devant public. Aujourd’hui, au lieu de l’éternel Concerto d’Aranjuez, un étudiant en guitare peut tout aussi bien présenter Histoires Sans Paroles d’Harmonium que Cogs In Cogs de Gentle Giant. L‘étudiant a le champ libre pour le choix des musiciens de son orchestre : un autre étudiant, un professeur ou un musicien pro. Mon fils a ainsi demandé à Bob St-Laurent, membre actif de la formation Jurrassic Rock, de chanter sur son medley de Gentle Giant. Bob a gentiment accepté.

Richard, Michel et Bob sont des musiciens accomplis, contemporains des musiciens d’Harmonium. Tout aussi talentueux, au demeurant, les quatre autres musiciens de Premier Ciel sont Julie Valois (voix, claviers, accordéon et flûte) – la fille de Louis Valois et Monique Fauteux, Mathieu Grégoire (voix, guitare, flûte), Sébastien Cloutier (guitare et voix) et Guillaume Marchand (claviers et voix). Jusqu’à maintenant, le répertoire de Premier Ciel ciblait surtout les deux premiers albums d’Harmonium. Mais il incluait aussi cinq des sept pièces de l’Heptade. «Mais pas nécessairement dans l’ordre», de préciser Richard. Bref, ce fut bien agréable de souper avec ces vieilles connaissances, qui s’évertuent à ressusciter – j’en suis presque jaloux – la musique d’Harmonium sur scène. Mais, moi, je suis là, simple convive, en attente de l’ouverture des portes du Métropolis à 17 h pour le lancement de l’Heptade XL.

CHANSON NOIRE

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Les préparatifs du lancement de l’Heptade XL ont commencé en janvier 2016. L’idée de départ n’était pas de sortir une nouvelle version remixée de l’Heptade. Depuis cinq ans, Fiori et Valois se réunissaient à l’occasion pour explorer différents projets entourant les archives sonores et visuelles de l’Heptade.

Leur idée de départ était plutôt de publier un DVD du seul spectacle de l’Heptade capté au complet sur vidéo noir et blanc, le 4 mars 1977, au Théâtre Outremont par des étudiants du Cégep de Maisonneuve. On y a rajouté des animations sur les segments vidéo manquants, des images de nébuleuses planétaires et autres nuages cosmiques empruntées à Hubble.

Ils approchent alors les gens de Sony Music, la maison de disques de l’Heptade. Pour se faire dire que, non seulement Sony acceptait le projet, mais aussi pour se faire dire que « By the way! We just found the 24 tracks », nous raconte ce soir, un Fiori encore médusé. Sony avait retrouvé les quatorze bandes maîtresses originales de l’Heptade. Impensable! À partir des bandes maîtresses, on peut refaire toute une œuvre musicale. Instrument par instrument. Comme les cellules souches pour un être humain. J’imagine alors leur première réaction : « un loto 6/49 s.v.p.! ».

Petite remarque en passant : il est quand même fascinant de constater que ces bandes magnétiques ne se soient pas plus abîmées après toutes ces années. Surtout que les bandes ne semblent pas avoir été conservées dans des conditions optimales. Cela montre la durabilité du support magnétique. Time is the proove, chante Peter Hammill avec à propos. Ainsi, en plus du DVD, on pourra donc livrer, pour son quarantième anniversaire, une nouvelle version de l’Heptade. On fixe le lancement au 15 novembre et la mise en kiosque au 18. Une séance d’autographe est prévue pour le 24 novembre chez Archambault Musique et l’installation d’un panneau publicitaire géant visible depuis le boulevard Métropolitain.

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Un site Facebook a été créé pour présenter cet album et permettre de comparer l’ancienne version avec la nouvelle version remixée (https://www.facebook.com/harmoniumofficiel/).

Excellente initiative pour convaincre les sceptiques. Car des sceptiques il y en a. Serge Fiori et Louis Valois ont quand même eu un moment d’hésitation avant de retoucher à cet album mythique. Est-ce bien? Est-ce mal? Des fans de l’Heptade leur ont même fait savoir qu’ils ne devraient pas retoucher à cet enregistrement. Le syndrome Touche pas à mon Heptade! Sur ce, Valois va plus loin : « La question, c’est : on est-tu supposés faire ça? L’Heptade, au fond, ça ne nous appartient plus, c’est historique! ».

Or – on le sait maintenant – Fiori et Valois ne font que compléter le travail qui aurait dû être fait, par eux et Michel Lachance, en 1976. Louis Valois avait lui-même transporté en auto les quatorze bandes maîtresses au Studio Interchange de Toronto. En auto et non pas en avion, de peur de les démagnétiser.

Une tournée en novembre 1976 les a extirpés de la console de Toronto. Ils ne font que revenir derrière la console. Mais quarante ans plus tard. Louis Valois raconte cet épisode dans le livret. « ll y a quelques mois, à mon studio, on a écouté les pistes retrouvées de Comme un sage et on a pleuré. On était, 40 ans plus tard, aussi fébriles qu’en 1976 dans le camion de Providence. On s’est regardé Serge et moi et on s’est dit : un remix, pourquoi pas…on essaye. Pour nous autres. On a remixé Comme un sage. Et on a aimé ça. Ça respectait l’œuvre en même temps qu’on retrouvait le son du band à Saint-Césaire. Alors, on a continué. L’idée était audacieuse, mais enivrante. L’Heptade XL est né ».

4-chansonnoire_3_fauteuil2Bref, le projet de Fiori et Valois avec Sony aboutira en un coffret contenant : 1) le DVD du spectacle de 1977 intitulé Viens Voir Le Paysage avec en bonus la pièce inédite Dans le noir;

2) un remixage complet de l’Heptade offert à la fois sous forme de deux disques compacts et à la fois sous forme deux disques vinyles bleus translucides ou noirs opaques (comme en 1976). Jusqu’à maintenant, les compacts disques vendus depuis 1991 n’étaient que de vulgaires copies du disque vinyle original;

3) un album souvenir de quarante pages composé de documents d’archives et jalonné d’un texte instructif de Louis Valois racontant l’aventure de l’Heptade d’hier à aujourd’hui. Ces documents d’archives révèlent entre autres des photos des rubans analogiques, des premières versions typo des paroles de chansons, des horaires de tournée, différentes découpures de journaux de l’époque et autres photos inédites des archives de Serge Fiori et Louis Valois.

Le week-end précédent la cérémonie de lancement, au début de novembre, s’amorcent, pour ces deux ex-Harmonium, une ronde d’entrevues avec les médias. Ainsi La Presse publie trois pages sous la plume d’Alain DeRepentigny (http://www.lapresse.ca/ arts/musique/disques/201611/14/01-5041108-lheptade-en-sept-temps.php); le Journal de Montréal offre deux pages sous la plume de Raphaël Gendron-Martin (http://www.journaldemontreal.com/2016/11/12/la-revanche-dharmonium); Sylvain Cormier du Devoir a rencontré Fiori et Valois en studio (www.ledevoir.com/culture/musique/484420/la-revisite-inesperee-de-l-heptade-xl); Guy A. Lepage a reçu les deux ex-Harmonium à Tout le Monde en parle – l’entrevue intégrale sera rediffusée le 18 décembre à 21 h 30 et Robert Therrien, chroniqueur télé au Soleil en a dit grand bien (http://blogues.lapresse.ca/therrien/2016/11/13/letoile-du-match-a-serge-fiori-et-louis-valois/); puis Monique Giroux a réalisé avec eux et Monique Fauteux une belle et intimiste entrevue radiophonique d’une heure sur les ondes d’ICI Musique (http://www.icimusique.ca/articles/17615/monique-giroux-sentretient-avec-les-membres-du-gro).

Et le 15 novembre, date anniversaire de la première mise en kiosque de l’Heptade, c’est la cérémonie de lancement au Métropolis, point d’orgue d’une vaste campagne de promotion à laquelle sont conviés trois cents invités.

POUR UNE BLANCHE CÉRÉMONIE

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Pour l’occasion, la salle du Métropolis avait pris l’allure d’un immense cabaret aménagé de multiples tables pour quatre personnes. À 17h 47, toutes les tables étaient déjà occupées. Et encore bien du monde debout.

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Animée par Serge Grimaux, gérant d’Harmonium, la cérémonie de lancement de l’Heptade XL consistait essentiellement en une entrevue de Paul Arcand avec Serge Fiori et Louis Valois, chacun assis dans sur un petit fauteuil sur la scène, comme si le morning man du 98,5 FM les recevait dans son salon. Arcand n’a pas dû se faire prier pour ce job; on le devinait, de toute évidence, fan de la première heure. L’entrevue était retransmise sur le site Facebook d’Harmonium. De chaque côté de la scène, sur deux écrans géants, un diaporama nous offrait les photos du livret de 40 pages fournie avec la version de luxe de l’Heptade XL. Après l’entrevue de Paul Arcand, un extrait du DVD Viens voir le paysage est projeté sur ces mêmes écrans. Puis, Grimaux a suggéré une minute de silence en mémoire de Leonard Cohen. Coïncidence significative : le soir même, on apprenait le décès de Bob Walsh.

5-ceremonie_3_cdÀ la sortie de la salle, dans le lobby, un CD de la chanson Dans le noir était offert à tous les invités. Cette chanson absente de l’album original de l’Heptade était celle que Serge Fiori et Monique Fauteux chantaient en début de spectacle pour calmer l’assistance. Une version authentique, datant de 1977, enregistrée au Centre national des Arts d’Ottawa, revisitée et mastérisée.

Revenons sur cette entrevue avec Paul Arcand. Pendant une heure environ, ce dernier a permis à Serge Fiori et Louis Valois, sur un ton intimiste, chaleureux et décontracté, d’expliquer le cheminement qui les a amené à concevoir et concrétiser l’Heptade, il y a quarante ans. Des questions en provenance de la salle et du site Facebook alimentaient l’entretien.

Fiori fait à nouveau comprendre, comme à maintes reprises dans le passé, que le concept de l’Heptade s’articule autour du principe des sept niveaux de conscience. Il développe: « C’est autour de cette colonne vertébrale-là. Sept petits mondes. Qui fait que nos comportements sont générés par ça. J’avais lu l’Iliade d’Homère. L’hept, le chiffre, 7; et ade de l’Iliade. Qui est devenu l’Heptade. Un voyage initiatique pour unir toutes les facettes de nos personnalités ».

À la fin de sa phrase, soudain, Fiori se lève et s’incline devant la foule. Cette révérence imprévue accueille le fou rire du public et une ovation spontanée.

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Arcand se tourne alors vers Louis Valois sur un ton un peu moqueur : » Et toi, Louis, tu as vécu ça comment cette démarche-là? ». Nouveaux fous rires dans la salle.

Valois se mouille : « …Je lui ai ris dans la face. Ah non non non! Regarde! Quand il m’est arrivé avec ça la première fois… Bon, on avait fait (le concept) les 5 saisons. Pis, j’ai toujours pensé que la cinquième saison, Histoires Sans Paroles, c’est un peu la prémisse d’une espèce de quelque chose qui s’en venait : la grande chanson, la grande toune. Quand on s’est mis à regarder ça, moi, je l’ai vu apparaître. Pis j’ai été pris par ça. Moi j’ai vécu tous ces niveaux-là à travers l’Heptade, l’enregistrement, tout ça. Au point que ça été comme un phare toute ma vie. Cette espèce d’impression qu’on est fait de dichotomies. On est tous là-dedans. Je l’ai vu apparaître comme ça. J’ai été un auditeur de ce que Serge avait fait. Pis comme musicien tu te laisses aussi inspirer par ça. L’Heptade a été enregistré dans l’ordre. Comme musicien, tu te dois de respecter ce qui est dit, ce qui est là. Mais ce n’était pas compliqué. C’était tellement intense. Je viens de passer un bel été. Mais celui-là, ça été un des plus beaux étés de ma vie ».

À la fin de sa phrase, soudain, Valois se lève et s’incline devant la foule. Cette révérence imprévue accueille le fou rire du public et une ovation spontanée.

Fiori et Valois ont le sens de l’autodérision. C’est, entre autre, ce qui les rend si attachants. Ils prennent leur musique au sérieux, mais, eux, ne se prennent pas au sérieux.

Questionné par Arcand à propos des moyens assez spectaculaires, en termes de musiciens et de studio d’enregistrement, que l’Heptade a exigé, Fiori enchaîne : « C’était de l’audace totale. On était une ostie de gang de fous. Tu ne les a pas, les moyens. On n’avait pas de budget. On n’avait rien. Et on ne voulait pas enregistrer en ville dans un studio de 9 à 5 pis après on s’en va chez nous. On a vécu tous ensemble dans ma résidence tout l’été dans le rang St-Ours à St-Césaire (3) ».

« Un soir qu’on écoutait Saturday Night Live, à la fin du générique, on voit : FEDCO(4), studio mobile d’enregistrement (au Rhode-Island.) Ok! On va les appeler. Si c’est niaiseux! (fous rires dans la salle).On les appelle. Pis y disent : OUI! Pis y viennent Mais là, quand ils sont arrivés, ah! ben là, ils ont pogné un down. Ils arrivent devant une maison en pleine campagne. Des vaches. Des cabanes. Ils disent, bien sérieux : «Were coming from New-York!?! ». « Là ils me voient en salopette, le haut pas attaché. Une belle image! C’est juste quand ils ont vu Michel Lachance, l’ingénieur, arriver, sérieux, qu’ils ont dit : you’re the man! Mais quand on a commencé à enregistrer, à faire des pistes, ils ont vu qu’on n’était pas des taouins ».

Louis Valois relève cette dernière expression en regardant Fiori d’un œil inquisiteur : «Des taouins!?!? ».

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LE PREMIER CIEL

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Ben oui! Deux taouins. Deux taouins qui ont vendu plus de 100, 000 copies de cet album enregistré avec une FEDCO qui, dorénavant, ne se fiera plus aux apparences. Deux taouins de retour ensemble. Le survoltage émotionnel induit par la découverte des bandes maîtresses de l’Heptade n’est probablement pas étranger à ce nouvel appel du destin.

Fiori et Valois, les parents de l’Heptade comme ils aiment à se définir, ne cesse de répéter à qui veut l’entendre que l’instinct, un peu comme celui d’un animal, a toujours été le moteur de leurs aventures. D’instinct, ils ont compris qu’il fallait remixer l’Heptade et d’instinct ils ont su quand arrêter.

Mais cette nouvelle collaboration ne va pas jusqu’au point de vouloir repartir en tournée. Pourtant, il paraît que ce ne sont pas les offres qui manquent. 160 $ le billet au Centre Bell, rapporte Alain De Repentigny de La Presse. Une tournée avec les musiciens originaux d’Harmonium est totalement à exclure.

Qu’à cela ne tienne! Je viens d’apprendre que Premier Ciel, dans ses prochaines livraisons, joueront l’Heptade dans son intégralité. La version proposée est celle de l’album Harmonium en tournée paru en 1980. Ceux qui s’impatientent d’assister à une version live de l’Heptade, voici l’occasion rêvée.

J’ai l’impression, par contre, que les musiciens de Premier Ciel vont marcher sur une corde raide. Et j’ai l’impression qu’ils en sont bien conscients. Michel Dubeau m’expliquait comment certains passages d’Histoires Sans Paroles, surtout dans le deuxième mouvement, exigeaient une délicate exécution, toute en nuances et subtilités.

Même que ces trois musiciens de Premier Ciel n’ont pas eu peur de m’avouer qu’ils étaient rarement satisfaits du résultat. Si Histoire Sans Paroles a été une prémisse de 17 minutes à l’Heptade d’après Louis Valois, imaginez-en 85. C’est probablement ça le plus grand défi qui attend Premier Ciel.

Louis Valois ne cesse de répéter que l’Heptade se joue d’un seul trait. Comme s’il s’agissait d’une seule pièce. Comme Thick As A Brick de Jethro Tull ou The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis. Une grande cohésion d’ensemble. L’enchaînement des émotions doit être respecté.

Il a mentionné, dans son entrevue à la radio avec Monique Giroux, que les musiciens d’Harmonium étaient comme en état de grâce lorsqu’ils jouaient l’Heptade. Et ce, autant lors des répétitions que lors de l’enregistrement de l’album ou de la reproduction sur scène.

Jusqu’ici, Serge Fiori, Louis Valois et Monique Fauteux ont eu une implication plutôt discrète envers Premier Ciel. Par contre, cette fois-ci, ces ex-Harmonium seront consultants artistiques pour la version intégrale de l’Heptade. En bon français, ils vont «coacher » les musiciens de Premier Ciel dans le peaufinement de certains passages live dont eux seuls ont le secret.

« L’idée n’est pas d’être un sosie d’Harmonium comme Musical Box est le sosie de Genesis (exactement les mêmes instruments; effets visuels identiques) », m’explique Richard Lanthier, « mais de reproduire avant tout la richesse de la musique ».

Quatre représentations de l’Heptade par Premier Ciel sont prévues à compter du 24 février, dont le premier au Théâtre Granada à Sherbrooke et le deuxième au Théâtre Outremont le 28. Une tournée suivrait. (http://www.premierciel.com/shows/)

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L’EXIL

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Parlant de tournées, Fiori et Valois ne doivent pas s’ennuyer de la série de concerts qui avait suivi la sortie de l’Heptade en novembre 1976 : 21 concerts en 30 jours. Même si cela reste toujours de bons souvenirs. Souvenirs que Fiori et Valois ont partagés à Tout le monde en parle et lors de la soirée de lancement. En effet, ces réconfortantes retrouvailles amicales à Tout le monde en parle se sont aussi transposées au Métropolis. Comme si toutes ces têtes blanches n’étaient pas justes là pour l’Heptade, mais pour revivre une époque, une industrie musicale d’un autre temps, avant internet.

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Serge Grimaux l’a bien cerné avec son commentaire dans le livret en présentation du vidéo Viens Voir Le Paysage : « On n’assistait pas à un spectacle d’Harmonium, on y participait. Harmonium, c’était une communauté cristallisant les idéaux et les ambitions d’une époque où tout semblait possible. Où tout devenait possible. Où la musique n’était pas qu’un produit commercial. Où la mode était celle que l’on créait. Où nous pouvions croire en notre capacité de nous donner un pays. À l’époque où les téléphones portables existaient presque dans Star Treck. À l’époque où le fax n’avait même pas encore été imaginé. Déjà à partir de la deuxième tournée, les prestations scéniques d’Harmonium étaient plus que de la musique ».

Une impression aussi que le Québec en entier était présent au Métropolis ce soir. Peut-être à cause de la couverture médiatique? Peut-être à cause de Facebook? Peut-être aussi à cause de la présence de Mario Légaré (ex-Octobre, Michel Rivard), Réal Desrosiers (ex-Beau Dommage, réalisateur télé), Lucien Francoeur (Aut’chose et lui-même), Plume Latraverse, Claude Mégot Lemay, Normand Brathwaite, Richard Petit, François Dompierre, Estelle Ste-Croix, Rob Braide (ex-directeur CHOM FM), Géo Giguère (ex-éditeur et rédacteur en chef du journal Pop-Rock et éditeur actuel du site Pop-Rock 2.0 et de la page Facebook), j’en passe et des meilleurs.

Géo a d’ailleurs rappelé à juste titre, en s’adressant à Serge Fiori et Louis Valois par micro interposé, qu’il avait été le premier représentant de la presse écrite à les avoir entendus, en privé, à l’invitation de leur premier imprésario, sur la rue Hutchison à Montréal, avant l’enregistrement de leur premier disque.

7-exil_3_grimaux_lefebvre En clôture, après avoir remercié du fond du cœur les deux organisateurs de la soirée « qui ont fait que tout cela a été possible », Mario Lefebvre et Serge Grimaux (notre ange gardien), Fiori et Valois ont invité sur scène les autres musiciens de l’Heptade présents ce soir : Serge Locat, Monique Fauteux, Libert Subirana, tout en saluant au passage Estelle Ste-Croix dans la salle. Estelle fait partie du chœur de voix avec Pierre Bertrand, Richard Séguin, Serge Fiori et Monique Fauteux dans certains passages de l’Heptade dont une improvisation vocale avec Fiori dans Comme Un Sage.

Le guitariste Robert Stanley était retenu ailleurs ce soir. Denis Farmer, comme chacun le sait, est retenu pour toujours; à l’époque de l’Heptade, le grand Farmer était pour moi, jeune batteur débutant, le John Bonham du Québec.

7-exil_4_valois_fioriMichel Normandeau brille-t-il par son absence? ai-je pu demander à Louis Valois, sans trop me souvenir s’il avait participé à l’Heptade.

« Normandeau a participé à l’écriture de l’Heptade » m’informe Valois. Le bassiste d’Harmonium fait ici référence à la collaboration de Michel aux paroles et à la musique de Comme un fou et Chanson noire, ainsi qu’aux paroles de Pour une blanche cérémonie, Le Premier ciel, Le Corridor et Lumière de nuit.

« À l’instant où on a commencé à jouer l’Heptade, c’est là qu’il est parti. Ses raisons? C’est à lui, plus qu’à n’importe qui d’autre, à le dire », conclut-il.

Le duo réserve ses derniers remerciements à toutes les personnes présentes dans la salle sur un ton que j’ai perçu, ma foi, fort sincère : « C’est incroyable que tout le monde soit là. Merci profondément. Vraiment touché par votre présence » a avoué Serge Fiori, la main sur le cœur. Quelqu’un du public lança alors : « Merci de l’avoir fait! ». Ce quelqu’un touche un point. Serge Fiori ne s’est pas montré souvent en public ces dernières années. La présence de Louis Valois n’est probablement pas étrangère à celle de Fiori, ici, ce soir.

Au Métropolis, Fiori et Valois, après être sortis de scène, ont continué à se montrer accueillants et disponibles pour tous et chacun désirant leur parler ou prendre une photo en leur compagnie. En un mot : humains. Par-dessus tout, ils se sont prêtés à d’autres séances d’entrevues avec les médias (presse, radio, télévision). Environ sept minutes étaient accordées à chacun.

Mon tour venu, Serge Fiori avait le goût de fumer une cigarette. Il faut donc s’exiler à l’extérieur pour l’entretien. Mario Lefebvre, en bon régisseur, prend l’affaire en main et nous guide avec Valois à l’extérieur du Métropolis. Pour permettre à Fiori d’en griller une. Et moi d’en faire autant. Ça adonne bien.

LE CORRIDOR

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Or pour se rendre à l’extérieur, il faut parcourir, par l’arrière-scène, un corridor. Le même corridor – je le réaliserais juste après coup – où a eu lieu l’attentat perpétré par Richard Bain, le soir de l’élection de Pauline Marois comme Première ministre du Québec.

Harmonium et le PQ : leur destin respectif est-il à ce point lié? Heureusement, ce soir, aucune espèce de Bain n’est venue tirer sur personne.

Uniquement votre humble serviteur qui voulait profiter du peu de temps à sa disposition pour leur tirer les vers du nez. Heureusement, grâce à la cigarette, mon sept minutes est devenu presque un dix-sept minutes. Cela me laisse plus de temps pour leur parler entre autres sujets de l’album Et Si On Avait Besoin d’une 5e saison consacré 36e meilleur album dans le top 50 rock progressif du magazine Rolling Stone.

Je me suis questionné à savoir s’ils étaient, à l’époque, à l’aise avec cette étiquette de « rock progressif ». Dans ma tête, je faisais aussi référence à la chanson Viens Danser! sur l’album 200 Nuits à l’Heure de Fiori-Séguin dans laquelle Fiori ironise sur les shows à grand déploiement inhérents au rock progressif de Genesis, Pink Floyd ou Yes. Je connaissais la réponse au fond. Mais je voulais les entendre se positionner par rapport à ça. Folk ou Progressif. Progressif, dans le sens un peu clinquant du terme.

Je leur avais exposé en prémisse que la première fois que j’avais entendu Harmonium en 1973, j’avais eu comme l’impression d’entendre la suite de la chanson I Should Have Known Better des Beatles, la version du film Hard Days Night, une chanson hypnotisante toute en guitares et en voix, qui allait donner le ton aux Joni Mitchel, Crosby, Still & Nash ou Yes de ce monde. Surtout qu’au début de leur carrière, le trio d’Harmonium (guitares, basse) se targuait d’être un groupe de folk sans batterie et sans trop d’instruments électriques. Cette approche était fort défendable. Surtout par rapport à celle du rock, pas toujours très subtil à l’époque.

« C’est vrai qu‘au début, à cause de la guitare acoustique, on pouvait être étiqueté d’acousti-folklore-machin », affirme Fiori. « Mais, musicalement, c’était progressif ». L’expression a fait sourciller Louis Valois qui semblait l’entendre la première fois de la bouche de Fiori. « Acousti-folklore-machin! », répète-t-il en riant.

Fiori poursuit : « C’est vrai que mon album préféré des Beatles, c’est Rubber Soul ».

On sait que cet album est considéré comme un tournant dans la carrière des Beatles, conçu sous l’influence du folk et protest song américain dont celui de Bob Dylan, un prix Nobel, excusez-moi!

Bref, ils sont bien honorés de figurer 36e des meilleurs disques de rock progressif au monde. Voilà! La question tranchée. Mais. Tant qu’à faire, j’aurais mis l’Heptade 35e d’abord. Car Harmonium est beaucoup plus rock progressif sur l’Heptade que sur la 5e saison, surtout dans sa composante rock. Cet effet est d’ailleurs accentué sur la version XL.

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LUMIÈRES DE VIE

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Après ces considérations fort spirituelles et quasiment intéressantes sur l’étiquette progressive, j’aborde avec eux cette version XL de l’Heptade. Jusqu’ici, ils en ont parlé d’une façon un peu poétique. Mais ce job de remixage c’est avant toute chose : monte les curseurs, descend les curseurs, tourne la molette à gauche, tourne un bouton à droite, mets de la basse, coupe l’écho et autres technicalités fort pragmatiques. Pas très bucoliques tout ça.

Au travers de leurs explications, Fiori et Valois me font réaliser qu’ils ont procédé à l’envers du processus classique de mixage.

En 1976, en effet, il était courant d’enregistrer la guitare, la basse et la batterie en premier. Puis, dans un deuxième temps, les voix. Et dans un troisième temps, tous autres instruments d’accompagnement. Pour la version XL, c’est le contraire. Fiori et Valois ont d’abord commencé par les voix. Et revu le mix des autres instruments après.

Sur ce point, Louis Valois a mentionné un détail intéressant à l’émission de Monique Giroux. « La première approche du remixage a été de n‘écouter que les pistes de guitare et de voix de Serge Fiori ». L’Heptade à l’état pur, doit-on comprendre. Comme s’il disait : on rallume et on remonte tout ça à partir de zéro. Louis Valois explique dans le livret pourquoi le travail a été fait dans son propre studio : « Dans cette revisite, on a voulu redonner au groupe et aux voix leur importance. Quelques tentatives de mix dans d’autres studios nous ont fait réaliser qu’on devait le faire nous-mêmes ».

Parmi les principales modifications donc : le rehaussement des pistes de voix (dont certaines qu’on entendait plus), une remise à l’avant-plan du band Harmonium et le retrait de certains instruments ou effets d’accompagnement, comme une percussion, le vibraslap, qui les énerve depuis quarante ans.

Ou par exemple la pièce Le Corridor. Elle a passé au cash, comme le veut l’expression consacrée. Les deux couplets commençant par « Seul, ensemble » a été refait en entier. Ils ont fait table rase de l’accompagnement original, supprimant la guitare électrique de Robert Stanley, le célesta de Chotem ou les ondes Martenot de Marie Bernard et la batterie de Denis Farmer. Maintenant, ce segment n’est composé que de la voix de Serge Fiori, de celle de Monique Fauteux, de la basse de Louis Valois, de piano et d’une section de cordes en arrière-plan. Cette version correspond à ce qu’ils faisaient en spectacle.

Autre exemple : pour Lumière de vie, on a rajouté la voix de Monique Fauteux pour la mettre en duo avec Fiori à partir du passage Pour faire une nouvelle lumière, Deux messagers solitaires…

Cela n’a pas dû être facile de s’arrêter de peaufiner le produit. La technologie numérique offrant tellement de possibilités aujourd’hui. C’est là que les responsables du mixage doivent faire preuve de sagesse. Surtout quand cette œuvre musicale est déjà bien inscrite comme telle dans nos mémoires.

COMME UN SAGE

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Cette relecture tout en sagesse donc de la musique d’Harmonium est-elle un prélude à de nouvelles compositions musicales? Seules ou avec d’autres? Quelle est la prochaine étape après XL?

« L’inquiétude fait partie de ma personnalité… je dois être au deuxième chakra », avouera Fiori avec une pointe d’ironie à Paul Arcand ce soir.

Fiori ne cesse de répéter à qui veut l’entendre, dont à Sylvain Cormier du Devoir, que : « Recomposer à nouveau, il ne vit que pour ça. Mais il attend que l’inspiration vienne. Que la petite lumière se rallume ». Sur la scène du Métropolis, Fiori a aussi affirmé : « On n’a jamais triché et on ne trichera jamais ».

Louis Valois de rajouter en conclusion du livret : « Le voyage n’est pas terminé, la suite est devant nous ». Le transfert des équipements du studio Post-M de Louis Valois chez Fiori veut tout dire. Il n’y a pas de fumée sans feu. Sinon Louis Valois aurait donné tout ça à l’Armée du Salut. Ou à moi, je l’espère, si l’Armée du Salut n’en veut pas.

La soirée de lancement terminée, une fête de famille au restaurant Savoy dans le Métropolis a suivi pour les musiciens d’Harmonium; et les organisateurs de la maison de disques se sont retrouvés dans un restaurant à proximité, avec la satisfaction du devoir accompli. « Grand feeling de joie et de travail bien fait pour tous », me confiera l’un d’eux. Mais. en fin de compte.

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Que signifie XL? J’ai oublié de demander à Serge et Louis si l’extension XL, rajoutée au titre de l’Heptade, avait été choisie pour signifier EXCELLENCE ou pour signifier EXTRA-LARGE? Comme dans : pizza EXTRA-LARGE. Car si c’est EXTRA-LARGE, la prochaine fois, je prendrais bien une JUMBO avec beaucoup de bacon. Du bacon sur une pizza, c’est divin.

ÉPILOGUE

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Le 15 novembre 1976, le Parti québécois prend le pouvoir pour la première fois avec l’espoir d’un pays. L’évènement capte l’attention du Québec tout entier.

Le même jour, en sourdine, l’album l’Heptade était disponible dans les magasins de disques pendant qu’Harmonium, en plein concert, suivait les résultats de l’élection provinciale grâce une télé cachée des spectateurs dans une obscure salle de Caraquet au Nouveau-Brunswick.

Quel paradoxe quarante ans plus tard!

C’est la musique d’Harmonium qui capte l’attention du Québec tout entier. Tout le monde en parle. L’Heptade aurait marqué la conscience d’un peuple. Alors que l’anniversaire de l’accession au pouvoir du PQ ne fait l’objet que d’un entrefilet au 24/60 de RDI.

En fin de compte, mon pays, est-ce l’Heptade (2)?

Jacques Landry

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(1) Crédits à Harmonium pour les titres de mes paragraphes calqués sur la structure des chansons de l’Heptade.

(2) Disons… : l’Hiver et l’Heptade.

(3) Dans sa récente autobiographie, Phil Collins raconte une situation similaire à propos de l’enregistrement de l’album-concept The Lamb lies down on Broadway. Ne voulant pas travailler dans un studio classique étouffant, Genesis a opté pour le studio mobile Island, installé dans une ferme du pays de Galles.

(4) Outre l’émission télévisée Saturday Night Live, FEDCO était reconnu pour l’enregistrement des spectacles live de groupes tels The Doors, Frank Zappa, Jethro Tull, et Humble Pie.